Louis XIII le Juste (1601-1643) Louis XIII
Roi de France et de Navarre (1610-1643), personnage sévère et ombrageux, dont la personnalité tranchait avec celle de son père, le roi Henri IV. Louis XIII eut l'intelligence de s'adjoindre un collaborateur d'exception, le cardinal de Richelieu, avec lequel il poursuivit durant plus de vingt ans une politique visant à limiter les privilèges dont jouissaient les protestants depuis l'édit de Nantes, à affirmer l'autorité royale contre les Grands et à faire barrage à l'expansionnisme des Habsbourgs en Europe.

La régence

Né à Fontainebleau, fils d'Henri IV et de Marie de Médicis, Louis XIII, orphelin de père à neuf ans, reçut sous la direction de Gilles de Souvré, son gouverneur, une éducation assez superficielle, dont le journal du médecin Héroard a rapporté les événements les plus marquants. Le jeune roi montra peu d'inclination pour l'orthographe et les lettres (ce qui ne l'empêchera pas, plus tard, de donner anonymement des articles à la Gazette de Théophraste Renaudot), pour l'histoire et les mathématiques, mais était passionné par la musique et la chasse. Il fut placé sous la tutelle de sa mère, Marie de Médicis, qui avec l'aide de son favori, Concini, unanimement execré pour ses abus et ses intrigues, exerça la régence jusqu'à sa majorité, en 1614, année où Louis XIII fut sacré à Reims. La reine, après avoir écarté les hommes de confiance d'Henri IV, dont Sully, lia la France à l'Espagne en 1615, en arrangeant le mariage de son fils avec Anne d'Autriche, fille du roi Philippe III.

L'apprentissage du métier de roi

Louis XIII, décrit par les mémorialistes de l'époque comme un être renfermé et taciturne, possédait en fait une psychologie plus complexe. Très pieux (il devait, en 1638, mettre la France sous la protection de la Vierge Marie et rédiger, avec son confesseur, le père Caussin, un livre de prières), imbu de la grandeur royale, mais souffrant d'une affection chronique (plus tard identifiée comme la maladie de Crohn) qui se traduisait par des crises de fièvre et de violents maux d'estomac, et sujet à des accès de mélancolie comme à des engouements passionnés, il se montra certes influençable pendant sa jeunesse, mais sut aussi tenir tête à sa mère et faire preuve de fermeté. En 1617, le jeune roi, conseillé par son confident, Charles d'Albert, duc de Luynes, congédia brusquement Concini, qu'il fit assassiner, et exila sa mère.

Mais ce coup de force ne fit que remplacer un favori par un autre; Luynes, nommé connétable, accumulant titres et honneurs, se montra un médiocre ministre. À l'origine d'une politique de rapprochement avec les Habsbourgs, alors que ceux-ci travaillaient sans relâche à modifier l'équilibre européen en leur faveur, il poussa le roi à exiger la restitution des biens ecclésiastiques en Béarn, ce qui provoqua un nouveau soulèvement des huguenots, tout en excitant contre sa personne l'hostilité de la noblesse ; réunis derrière Marie de Médicis, les Grands livrèrent une courte lutte armée contre le pouvoir central, mais durent capituler aux Ponts-de-Cé, en août 1620.

Le duc de Luynes ayant trouvé la mort peu après le siège infructueux de Montauban en 1621, Louis XIII, décidé à participer davantage aux affaires de l'État, gouverna avec Brûlart de Sillery et son fils, le marquis de Puisieux, ainsi qu'avec La Vieuville, refusant dès lors de se lier à un seul ministre. En 1624, dans l'espoir de reconquérir son influence politique, Marie de Médicis convainquit Louis XIII de faire entrer au Conseil le cardinal de Richelieu, qui jouissait d'une grande réputation malgré ses liens passés avec Concini. Louis XIII, éprouvant d'abord peu de sympathie pour le personnage, se laissa peu à peu convaincre par sa force de caractère et par sa volonté inlassablement réaffirmée de s'opposer à la maison d'Autriche ; il ne tarda pas à en faire son principal ministre.

Le gouvernement de Richelieu

Avec Richelieu, Louis XIII forma une association très étroite, à tel point que l'on a parfois décrit, y compris à l'époque, le souverain comme un fantoche. En fait, entre ces deux hommes, que lia vers la fin de leur vie une réelle affection, il y eut toujours un partage des responsabilités, et jamais le roi, extrêmement jaloux de ses prérogatives, ne se désintéressa de la gestion quotidienne du royaume, même s'il se consacrait plus particulièrement aux affaires militaires.

Les deux hommes partageaient une même conception de la grandeur de la France et des priorités qui s'imposaient dans le domaine politique : à l'intérieur, pacifier le pays, depuis trop longtemps en butte à l'agitation de la noblesse et continuellement menacé par la puissance des protestants, devenus un État dans l'État ; à l'extérieur, reprendre la lutte contre la maison d'Autriche.

Cette politique se concrétisa par la reprise de l'affrontement avec les protestants, qui s'acheva en 1628, après le siège de La Rochelle, auquel le roi avait personnellement participé. La reddition de la ville huguenote fut suivie de la promulgation de l'édit de grâce d'Alès (28 juin 1629), interdisant les assemblées politiques et supprimant les places de sûreté protestantes.

Pourtant, peu après ce qui était incontestablement un succès dû à la ténacité de son ministre, Louis XIII dut faire face à l'offensive d'une partie de la famille royale contre Richelieu. La journée des Dupes (11 novembre 1630), pendant laquelle la cour crut le cardinal congédié, à la suite d'une violente altercation entre le roi et la reine mère, se termina par un triomphe éclatant du ministre ; son principal ennemi, le garde des Sceaux Michel de Marillac fut écarté, tandis que la reine était à nouveau contrainte à l'exil.

Peu après, Gaston d'Orléans, le frère du roi, d'autant plus indiscipliné que le couple royal n'avait toujours pas de descendance, tenta de soulever l'Orléanais puis se réfugia en Lorraine auprès du duc Charles IV, fidèle soutien des Habsbourgs. La réconciliation entre Louis XIII et son frère, déjà compromis dans la conspiration de Chalais (1626), ne devait avoir lieu qu'en 1634. Enfin, l'exécution du duc de Montmorency (1632), qui avait tenté de soulever le Languedoc, manifesta encore une fois la détermination de Louis XIII et de Richelieu à affirmer l'autorité royale contre toutes les velléités d'opposition. L'édit interdisant les duels, dont la transgression par Montmorency-Bouteville, en 1627, avait provoqué son exécution, procédait de la même logique.

Si le projet de "rabaisser l'orgueil des Grands", consigné par Richelieu dans ses Mémoires, fut à peu près atteint à partir de cette époque, ce furent les affaires étrangères, avec l'internationalisation de la guerre de Trente Ans, qui accaparèrent désormais les affaires du gouvernement. Entre 1630 et 1635, la France, alliée à Gustave II Adolphe par le traité de Bärwalde (1631), lutta de manière indirecte contre les Habsbourgs, en soutenant la Suède protestante et en faisant quelques incursions armées dans les terres d'Empire, en Alsace, en Lorraine et en Italie du Nord; mais, lorsque la Suède subit d'importants revers, l'affrontement direct contre l'Espagne apparut inévitable et Louis XIII prit personnellement la tête des opérations militaires.

La guerre, dont l'issue demeura incertaine jusqu'à la victoire de Condé à Rocroi (1643), imposa de lourds sacrifices au royaume : elle se traduisit par une augmentation du montant de la taille et, en matière administrative, par un renforcement du rôle des intendants.

La naissance d'un héritier, le futur Louis XIV (1638), et la conspiration du favori du roi, Cinq-Mars, et de son ami François-Auguste de Thou, qui avaient comploté avec Gaston d'Orléans, furent les derniers événements majeurs du règne. À la mort de Richelieu, le 4 décembre 1642, le roi fit entrer Mazarin au Conseil, sur les recommandations de Richelieu. La mort du roi, le 14 mai 1643, ouvrit une période instable, qui devait déboucher sur la Fronde.


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