Henriette d'Angleterre (1644-1670) Henriette d'Angleterre

L'enfance d'Henriette-Anne d'Angleterre

Henriette-Anne d'Angleterre, la dernière des enfants de Charles I et d'Henriette-Marie de France soeur de Louis XIII, est née le 16 juin 1644 à Exester dans un climat de guerre civile. Sa mère, jugée par l'opinion britannique comme responsable de cette guerre, fuit en France en laissant sa fille au soin d'une gouvernante, Lady Morton. Charles I donne très vite l'ordre de faire baptiser sa fille selon le rite anglican et visite aussi Henriette-Anne en compagnie du Prince de Galles qui la prend sous son aile. En 1646, la guerre tourne en faveur des adversaires du Roi, alors dès que le Parlement somme Lady Morton de lui présenter la princesse, la gouvernante, qui refuse, s'enfuit pour Douvres déguisée en paysanne accompagnée d'un "petit garçon". Elle est accueillie de manière assez froide par Henriette-Marie qui comprend que la France ne l'accepte de manière gracieuse qu'à cause de son rang, de fille de France, de belle soeur de la régente et de tante du Roi Louis XIV, en effet la cause britannique n'intéresse nullement le royaume. En 1649, la Fronde aggrave encore ce sentiment de laisser pour compte, puisque pendant la Nuit des Rois où la cour quitte clandestinement Paris, la famille d'Angleterre se retrouve seule au Louvre oubliée et sans ressource et lorsque Charles I est décapité le 30 janvier 1649, la veuve plus seule que jamais se retire au couvent en compagnie d'Henriette-Anne qui y reçoit une éducation religieuse et princière avec l'apprentissage des arts...

Madame

Jusque en 1658, Henriette-Anne et sa mère sont mal vues, il n'est pas bon d'être "la fille d'un roi à qui l'on a coupé la tête", à partir de la restauration de la monarchie avec Charles II, la soeur du Roi d'Angleterre devient un bon parti. Comment faire oublier à l'Angleterre, le délaissement dont a été victime en France Henriette-Anne et sa mère, ainsi que le Pacte d'Alliance avec Cromwell ? Louis XIV qui aime les alliances stratégiques pense alors qu'Henriette-Anne, en se mariant avec Philippe d'Orléans, son frère, servira d'intermédiaire entre la France et l'Angleterre. Et puis cette alliance rattrapera un peu l'amertume qu'ont eu les deux Henriette de ne pouvoir espérer un mariage plus royal. Louis XIV, qui a gardé l'image d'une jeune fille maigrichonne, annonce à son frère, peu avant l'arrivée de la fiancée, "Vous épousez les os de Saints-Innocents" (très vieux cimetière près de Paris). La cérémonie a lieu le 31 mars 1661 et là, la surprise générale, Henriette a bien changé, elle est devenue une beauté, bien loin de la jeune fille maigrichonne avec laquelle Louis XIV ouvrait les bals par pure convenance des années auparavant....Et lorsque la Cour se retire à Fontainebleau en mai pour que la reine Marie-Thérèse puisse se reposer pendant sa grossesse, Louis XIV et sa belle soeur sont de plus en plus proches, au grand dam d'Anne d'Autriche, qui, furieuse du comportement de son fils, charge une personne de sa suite de réprimander Madame. Henriette, intrigante dans l'âme, conçoit un plan pour se cacher de la Reine mère : pourquoi ne pas mettre en paravent une jeune fille dont Louis ne s'éprendrait pas mais courtiserait pour faire taire les soupçons ? Le choix se porte sur une jeune fille insignifiante, boiteuse, Louise de La Vallière, demoiselle d'honneur d'Henriette .... Ce plan marche à merveille et même trop bien puisque Louis s'éprend de la jeune fille, Henriette-Anne ne devient plus par la circonstance des choses que le chaperon des amants à la fin du mois de juillet....

"Madame se meurt..."

Henriette-Anne, qui ne se console ni de ne pas être Reine ni de la perte de l'amour du Roi, décide de briller là où Marie-Thérèse est absente, elle sera la reine des fêtes, la protectrice des arts et des lettres ainsi elle soutient Molière. Mais elle est fragile, épuisée certainement par ses grossesses à répétition puisque, tout comme son mari , elle désire un héritier qui s'annonce enfin en 1664 par la naissance de Charles-Philippe duc de Valois, Madame eut aussi deux filles , Marie-Louise (1662-1689) et Anne (1669-1728). Sa santé fragile s'accentue d'une part avec la mort en 1666 de son fils et d'autre part à cause de son train de vie, elle ne se repose pas et ne vit que pour les plaisirs de la danse et de la chasse. En plus sa profonde mésentente avec son époux l'affaiblit, en effet Monsieur est d'une jalousie maladive, il ne supporte pas de voir Henriette-Anne se consoler avec la comte de Guiche, son favori... Madame tient aussi un rôle politique celui de "médiatrice des deux rois", comme le souhaitaient son frère Charles II et Louis XIV au moment de son mariage. Le 26 mai 1670, Henriette embarque pour Douvres afin de négocier un Traité par lequel le Roi d'Angleterre déclarerait la guerre à la Hollande, ennemie de La France, et par lequel Charles II deviendrait catholique, sur le plan militaire le Traité de Douvres est un succès mais non sur le plan religieux, il s'agit tout de même d'un beau succès pour Madame. De ce succès, elle ne profitera que deux semaines puisque fin juin 1670, elle se plaint de douleurs au côté, le 29 juin, après avoir bu un verre d'eau de chicorée, elle se plaint de violentes douleurs à l'estomac et s'affaisse, elle mourra neuf heures plus tard après un horrible calvaire à deux heures et demie du matin. Elle venait d'avoir vingt-six ans.

Cette mort si rapide suscite très vite des soupçons, le poison ? Louis XIV, pour éviter tout scandale, ordonne une autopsie dont la conclusion écarte toute hypothèse criminelle, l'un de ses poumons était très abîmé, elle avait l'abdomen rempli de bile et le foie "tout brûlé et tombant en miettes". Pourtant la Palatine, deuxième femme de Monsieur, penchera toujours pour le poison. Pour les historiens l'hypothèse la plus probable est celle d'une cholécystite aiguë, ainsi que d'une occlusion intestinale.


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