REGLEMENT DE LA CONFRERIE DE LA CHARITE DE CHATILLON.
(Novembre 1617).
Comme ainsi soit que la charité envers le prochain soit une marque infaillible des vrais enfants de Dieu, et qu'un des principaux actes d'icelle soit de visiter et nourrir les pauvres malades, cela fait que quelques pieuses demoiselles et quelques vertueuses bourgeoises de la ville de Châtillon les-dombes (1), diocèse de Lyon, désireuses d'obtenir cette miséricorde de Dieu d'être de ses vraies filles, ont convenu par ensemble d'assister spirituellement et corprellement ceux de leur ville, lesquels ont parfois beaucoup souffert, plutôt par faute d'ordre à les soulager que de personnes charitables. Mais parce qu'il est à craindre qu'ayant commencé ce bon oeuvre, il ne dépérisse dans peu de temps, si, pour le maintenir, elles n'ont quelque union et liaison spirituelle ensemble, elles se sont disposées à se joindre en un corps qui puisse être érigé en une confrérie, avec les règlements suivants, le tout néanmoins sous le bon plaisir de monseigneur l'archevêque, leur très honoré prélat, auquel cet oeuvre est entièrement soumis. Ladite confrérie s'appellera La Confrérie de la Charité, à l'imitation de l'hôpital de la Charité de Rome ; et les personnes dont elle sera principalement composée, Servantes des Pauvres ou de la Charité.

Du patron et de la fin de l'Oeuvre
Et d'autant qu'en toutes confréries la sainte coutume de l'Eglise est de se proposer un patron et que les oeuvres prennent leur valeur et dignité de la fin pour laquelle elles se font, lesdites servantes des pauvres prennent pour patron Notre-Seigneur Jésus et pour fin l'accomplissement du très ardent désir qu'il a que les chrétiens pratiquent entre eux les oeuvres de charité et de miséricorde, désir qu'il nous fait paraître en ces siennes paroles : "Soyez miséricordieux comme monPère est miséricordieux" ; et ces autres : "Venez les bien-aimés de mon Père, possédez le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde, pource que j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger ; j'ai été malade, et vous m'avez visité ; car ce que vous avez fait aux moindres de ceux-ci, vous me l'avez fait à moi-même".

Des personnes de la Confrérie
La confrérie sera composée de femmes, tant veuves, mariées que filles, desquelles la piété et la vertu soient connues, et de la persévérance desquelles l'on se puisse assurer, pourvu néanmoins que les mariées et filles aient la permission de leurs maris, pères et mères, et non autrement ; et afin que la confusion ne s'y glisse par la multitude, le nombre pourra être de vingt seulement, jusques à ce qu'autrement en soit ordonné. Et pource qu'il y a sujet d'espérer qu'il se fera des fondations en faveur de ladite confrérie et que ce n'est pas le propre des femmes d'avoir seules le maniement d'icelles, lesdites servantes des pauvres éliront leur procureur quelque pieux et dévot ecclésiastique, ou un bourgeois de la ville, vertueux, affectionné au bien des pauvres et non guère embarrassé aux affaires temporelles, lequel sera tenu pour membre de ladite confrérie, participera aux indulgences qui seront concédées en faveur d'icelle, assistera aux assemblées et aura voix à la décision des choses qui se proposeront, comme l'une desdites servantes, pendant qu'il exercera la charge de procureur, et non plus. Outre ce, la confrérie fera choix de deux pauvres femmes d'honnête vie et de dévotion, qui s'appelleront gardes des pauvres malades (2), pource que leur devoir sera de garder ceux qui seront seuls et ne pourront remuer, et de les servir, selon ordre que leur en donnera la prieure, en les payant honnêtement, selon leur labeur, et par ainsi seront aussi tenues pour membres de ladite confrérie, participeront aux indulgences et assisteront aux assemblées, sans néanmoins y avoir voix délibérative.

Des offices.
L'une des servantes des pauvres sera élevée prieure de la confrérie (3), laquelle, afin que toutes choses aillent avec ordre, les autres aimeront, respecteront comme leur mère et lui obéiront en tout ce qui regardera les biens et services des pauvres, le tout pour l'amour de Notre-Seigneur Jésus, qui s'est rendu obéissant jusques à la mort et à la mort de la croix. Son devoir sera de s'employer de tout son possible à faire que tous les pauvres soient nourris et soulagés selon cet institut, d'admettre au soin de la confrérie, pendant l'intervalle des assemblées, les malades qui seront vraiment pauvres et de congédier les guéris, et ce, toutefois, par l'avis de ses deux assistantes, ou de l'une d'icelles, pouvant néanmoins, sans leur conseil, ordonner de bailler à la trésorière ce qu'elle jugera nécessaire pour faire les choses qui ne pourront se remettre à la prochaine assemblée ; et quand elle aura reçu quelques malades, elle ne donnera soudain avis à celle de ses servantes qui sera de jour de service. Pour le conseil et assistance de ladite prieure, deux des plus humbles et discrètes de la Compagnie lui seront données, pour veiller avec elle au bien public des pauvre et au maintien de la confrérie. L'une de ses assistances sera nommée sous-prieure et trésorière (4) de la confrérie ; son devoir sera de faire les fonctions de la prieure en son absence, de recevoir l'argent et en bailler acquit, garder les linges et autres meubles, acheter et garder les provisions nécessaires à l'assistance des pauvres, bailler chaque jour auxdites servantes ce qu'il faudra pour la nourriture d'iceux, faire blanchire leur linge, exécuter les ordonnances de la prieure et tenir le livre dans lequel elle écrira ce qu'elle recevra et emploiera. Le devoir de procureur (5) sera de gérer et négocier les affaires concernantes le fonds du temporel de la confrérie, par l'avis et direction du sieur curé, de la prieure, de la trésorière et de l'autre assistante (6), de proposer, à chaque assemblée qui se tiendra à cet effet, l'état des affaires qu'il maniera, d'avoir un livre où il écrira les résolutions qui s'y feront, de prier, de la part de la confrérie, Monsieur le châtelain de ladite ville de Châtillon, l'un de messieuts les syndic et le sieur recteur de l'hôpital d'assister à la reddition des comptes de la confrérie. Son devoir sera encore de parer la chapelle d'icelle, faire dire les messes, garder les ornements et en acheter, par l'avis que dessus, quand il sera nécessaire.

De la réception des malades et de la manière de les assister et nourrir.
La prieure recevra au soin de la confrérie les malades vraiment pauvres, et non ceux qui ont moyen de se soulager, par l'avis toutefois de la trésorière et de l'assistance, ou de l'une d'icelles. Et quand elle en aura reçu quelqu'un, elle en avertira celle qui sera de jour de service, laquelle l'ira voir incontinent ; et la première choses qu'elle fera sera de voir s'il a besoin d'une chemise blanche, afin que, si ainsi est, elle lui en porte une de ladite confrérie, ensemble des linceuls blancs, si en a nécessité et qu'il ne soit en l'hôpital, où il y en a, le tout au cas qu'il soit sans moyen de se reblanchir de cette sorte. Cela fait, elle le fera confesser pour se communier le lendemain, à cause que c'est l'intention de ladite confrérie que ceux qui veulent être assistés d'elle se confessent et se communient ; avant toutes choses lui portera une image d'un crucifx, qu'elle attachera en lieu qu'il la puisse voir, afin que, jetant parfois les yeux dessus, il considère ce que le Filds de Dieu a souffert pour lui. Elle lui portera encore des meubles qui lui seront nécessaires, comme une tablette, une serviette, une gondole, une écuelle, un petit plat et une cuillère, et après, elle avertira celle qui sera en jour le lendemain d'avoir soin de faire nettoyer et parer la maison du malade pour le faire communier, et de lui porter son ordinaire.
Chacune desdites servantes des pauvres apprêtera elur manger et les servira un jour entier. La prieure commencera, la trésorière la suivra, et puis l'assistante, et ainsi l'une après l'autre, selon l'ordre de leur réception, jusques à la dernière venue. Et après, ladite prieure recommencera, et les autres la suivront, observant l'ordre commencé, afin que, par cette continuelle révolution, les malades soient toujours assistés selon cet institut, le tout néanmoins en façon que, si quelqu'une tombe malade, elle sera dispensée de son service en avertissant la prieure, afin qu'elle fasse continuer l'ordre par les autres. Mais, si quelqu'une est empêchée pour quelque autre cause, elle fera en sorte qu'une autre servira pour elle, en s'en revenchant en pareil cas. Celle qui sera en jour, ayant pris ce qu'il faudra de la trésorière pour la nourriture des pauvres en son jour, apprêtera le dîner, le portera aux malades ; en les abordant les saluera gaiement et charitablement, accommodera la tablette sur le lit, mettre une serviette dessus, une gondole et une cuillère et du pain, fera laver les mains aux malades et dire le Benedicite, trempera le potage dans une écuelle et mettra la viande dans un plat, accommodant le tout sur ladite tablette, puis conviera le malade charitablement à manger, pour l'amour de Jésus et de sa sainte Mère, le tout avec amour, comme si elle avait affaire à son fils ou plutôt à Dieu, qui impute fait à lui-même le bien qu'elle fait aux pauvres. Elle lui dira quelque petit mot de Notre-Seigneur, en ce sentiment tâchera de le réjouir s'il est fort désolé, lui coupera parfois sa viande, lui versera à boire, et l'ayant ainsi mis en train de manger, s'il a quelqu'un auprès de lui, le laissera et en ira trouver un autre pour le traiter en le même sorte, se ressouvenant de commencer toujours par celui qui a quelqu'un avec lui et de finir par ceux qui sont seuls, afin de pouvoir être auprès d'eux plus longtemps ; puis reviendra le soir leur porter à souper avec même appareil et ordre que dessus.
Chaque malade aura autant de pain qu'il lui en faudra, avec un quarteron de mouton ou de veau bouilli pour le dîner, et autant de rôti pour le souper, excepté les dimanches et fêtes, qu'on leur pourra donner quelque poule bouillie pour leur dîner, et leur mettre leur viande en hachis au souper deux ou trois fois la semaine. Ceux qui seront sans fièvre auront une chopine de vin par jour, moitié au matin et moitié au soir. Ils auront, le vendredi, samedi et autres jours d'abstinence, deux oeufs avec le potage et une petite tranche de beurre pour leur dîner, et autant pour leur souper, accommodant les oeufs selon leur appétit. Que s'il se trouve du poisson à quelque honnête prix, l'on leur en donnera seulement au dîner. L'on obtiendra permission de faire manger de la chair en carême et autres jours défendus à ceux qui seront forts malades, et pour ceux qui le sont tellement qu'ils ne peuvent manger de la viande solide, leur sera donné des bouillons, panades au pain cuit, orges mondés et oeufs frais, trois ou quatre fois par jour.

De l'assistance spirituelle et de l'enterrement
Et pource que la fin de cet institut n'est pas seulement d'assister les pauvres corporellement, mais aussi spirituellement, lesdites servantes des pauvres tâcheront et mettront à cela leur étude de disposer à mieux vivre ceux qui guériront, et à bien mourir ceux qui tiendront à la mort, dresseront à cette fin leur visite, prieront souvent Dieu pour cela et feront quelque petite élévation de coeur pour cet effet.
Outre ce, elles liront utilement parfois quelque livre dévot en présence de ceux qui seront capables d'en faire leur profit, les exhorteront à supporter le mal patiemment, pour l'amour de Dieu, et à croire qu'il le leur a envoyé pour leur plus grand bien ; leur feront faire quelques actes de contribution, qui consiste à avoir regret d'avoir offensé Dieu, pour l'amour de lui-même, et lui en demander pardon et se résoudre à ne jamais plus l'offenser ; et au cas que leur infirmité (s'aggravât), elles feraient qu'ils s'en confesseront au plus tôt. Et pour ceux qui tiendront à la mort, elles auront soin d'avertir ledit sieur curé de leur administrer l'extrême-onction, les induiront à avoir confiance en Dieu et penser à la mort, passion de Notre-Seigneur Jésus et se recommander à la sainte Vierge, aux anges, aux saints et particulièrement aux patrons de la ville et aux saints dont ils portent le nom ; et feront le tout avec un grand zèle de coopérer au salut des âmes et de les mener comme par la main à Dieu.
Auront soin les servantes de la Charité de faire enterrer les morts aux dépens de la confrérie, de leur donner un linceul, faire faire la fosse, si le mort n'a aucun moyen d'ailleurs, ou si le recteur de l'hôpital n'y pourvoit, comme il le faudra prier de ce faire, et assisteront aux funérailles de ceux qu'elles auront nourris malades, si elles le peuvent commodément, tenant en cela place de mères qui accompagnent leurs enfants au tombeau ; et par ainsi, elles pratiqueront entièrement et avec édification des oeuvres de miséricorde spirituelle et corporelle.

Des assemblées
De leur fin et de l'ordre qui s'y gardera
Et parce qu'il est grandement utile à toutes saintes communautés de s'assembler de temps en temps en quelque lieu destiné pour traiter tant de leur avancement spirituel que de ce qui regarde en général le bien de la communauté, cela fait que lesdites servantes des pauvres s'assembleront, tous les troisièmes dimanches des mois, en une chapelle de l'église de ladite ville destinée à cet effet, ou en celle de l'hôpital, là où, en ce même jour, ou le lendemain, à une heure dont elles conviendront, il sera dit une messe basse pour ladite confrérie ; et l'après-dîner, à l'heure qu'elles trouveront bon, elles s'assembleront en la même chapelle, tant pour entendre une petite exhortation spirituelle, que pour y traiter des affaires qui regarderont le bien des pauvres et le maintien de ladite confrérie.
L'ordre que l'on tiendra auxdites assemblées sera d'y chanter avant tout oeuvre les litanies de Notre-Seigneur Jésus, ou celles de la Vierge, et dire ensuite les prières qui suivent. Puis ledit sieur curé ou son vicaire fera la susdite briève exhortation tendant à l'avancement spirituel de toute la Compagnie et à la conservation et progrès de ladite confrérie, et, après, il proposera ce qui sera à faire pour le bien des pauvres malades, et la conclura par la pluralité des voix, qu'il colligera à cet effet, commençant par celle desdites servantes de la Charité, qui aura été la dernière reçue de la confrérie, et continuant par l'ordre de leur réception jusques au procureur, puis à la trésorière, à la prieure ; et enfin il donnera sa voix lui-même, qui aura force délibérative, comme l'une de celles desdites servantes des pauvres. Là se liront utilement cinq ou six articles de ladite institutin ; là elles s'admonesteront charitablement des fautes survenues au service des pauvres, le tout néanmoins sans bruit ni confusion et avec le moins de paroles que faire se pourra, et donneront chaque fois demi-heure de temps après l'exhortation pour cette assemblée.

De l'administration du temporel et de la reddition des comptes
Le sieur curé, la prieure, les deux assistantes et le procureur auront le gouvernement de tous les biens temporels de la confrérie, tant meubles que immeubles, et par conséquent le pouvoir d'ordonner, au nom d'icelle, audit procureur de faire tout ce qu'il faudra pour la conservation et recouvrement d'iceux biens.
La trésorière gardera l'argent, les papiers et les meubles, comme dit est, rendra compte tous les ans, le lendemain du saint jour de la Pentecôte, en présence du sieur curé, de la prieure, du procureur, de l'autre assistante et encore de monsieur le châtelain, de l'un de MM. les syndics et du sieur recteur de l'hôpital dudit Châtillon, pourvu néanmoins qu'il soit de la religion catholique, apostolique et romaine, lesquels seront toujours priés tous trois, de la part de la confrérie, d'y assister, et sera crue ladite trésorière en la seule déclaration qu'elle fera, que ses comptes contiennent vérité, sans qu'aucun article d'iceux lui puisse être rayé, ni que son mari, ni leurs enfants en puissent être recherchés, tant à cause que, étant pleinement de probité, comme il ne s'en élira que de telles, l'on y peut avoir entière confiance, qu'aussi, si elle était sujette à être recherchée de ce fait, aucune ne voudrait prendre cette charge.
Après l'audition de ses comptes, le procureur rapportera à la même compagnie susdite l'état des affaires temporelles de ladite confrérie et ce qu'il aura géré et négocié pendant l'année, à ce que, par le rapport desdits sieurs châtelain, syndic et recteur, messieurs du conseil de ladite ville puissent être suffisamment instruits du gouvernement du bien temporel de ladite confrérie et que, reconnaissant qu'il fût mauvais, ils puissent recourir à monseigneur l'archevêque notre très honoré prélat pour y mettre ordre, comme celui auquel ladite confrérie est entièrement soumise, ce qu'en dit cas mesdits sieurs du conseil sont très humblement priés de faire pour l'amour de Dieu.
La prieure aura un livre des charges, sur lequel elle fera charger la trésorière des papiers, de l'argent et des meubles de ladite confrérie ; et en cas qu'elle ne se voulût charger, ni aucune des autres, sinon des meubles seulement et d'une partie de l'argent, comme ce qu'il faudra pour nourrir les pauvres quelques mois, icelle confrérie ordonnera audit procureur de se charger du reste et d'en rendre compte ; ce qu'il sera tenu de faire, sans qu'il puisse refuser à la trésorière tout ce que la confrérie ou la prieure ordonneront, qu'il lui remettra pour l'entretien et nourriture des pauvres.
Le tronc de l'église mis pour l'entretènement de la confrérie et soulagement des pauvres sera ouvert de deux mois en deux mois, en présence dudit sieur curé, de la prieure, trésorière, procureur et assistante, laquelle trésorière recevra par compte et chargera sa recette de ce qui s'y trouvera, ou, à son refus, le procureur, comme dit est.

De l'élection et déposition
La prieure, la trésorière et l'autre assistante déposeront leur charge le mercredi d'après la sainte fête de la Pentecôte, et sera procédé le même jour à nouvelle élection par les suffrages de toute la confrérie et à la pluralité des voix, sans que ladite prieure, trésorière et assistante puissent être continuées en leurs charges, afin que l'humilité, vrai fondement de toute vertu, se tienne parfaitement en ce saint institut.
Et au cas que ledit sieur curé ne résiderait, ou que son vicaire ne prendrait le soin requis de l'oeuvre, sera loisible à ladite confrérie de prendre un autre père spirituel et directeur de l'oeuvre, admis et approuvé à cet effet par monseigneur l'archevêque.
Lesdites prieure, trésorière et assistante pourront être déposées de leur charge avant le temps susdit par ladite confrérie, ne faisant pas bien leur devoir, au jugement d'icelle.
Le procureur demeurera en charge autant et si longuement que la confrérie le trouvera bon, et non plus.
Celles de ladite confrérie qui commettront quelque péché public, ou négligeront notablement le soin des pauvres seront entièrement ôtées de ladite confrérie, les admonitions requises en l'Evangile ayant été premièrement faites à tous ceux qu'on voudra déposer ou ôter de la confrérie.

Règles communes
Toute la Compagnie se confessera et communiera quatre fois l'an, le pouvant faire commodément, à savoir le jour de la Pentecôte, Notre-Dame d'août, saint André (7) et saint Martin (8), et ce, pour honorer l'ardent désir que Notre Seigneur Jésus a que nous aimions les pauvres malades et les secourions à leur nécessité ; et pour accomplir ce saint désir, l'on lui demandera ses bénédictions sur ladite confrérie, à ce qu'elle fleurisse de plus en plus à son honneur et gloire, au soulagement de ses membres et salut des âmes qui le servent en icelle, ou y ayant donné de leurs biens.
Et afin que la Compagnie se conserve en une sincère amitié selon Dieu, quand quelqu'une sera malade, la prieure et les autres seront soigneuses de la visiter et lui faire recevoir les saints sacrements de l'Eglise, prier pour elle en commun et en particulier ; et quand il plaira à Dieu de retirer de ce monde quelque membre de ce corps, les autres se trouveront à son enterrement avec le même sentiment qu'à celui de leur propre soeur, qu'elles espèrent un jour voir au ciel ; diront chacune trois fois le chapelet à son intention et feront célébrer une messe basse pour le soulagement de son âme en la chapelle de ladite confrérie.

De l'exercice de chacune à part soi
Le réveil se commencera par l'invocation de Notre-Seigneur Jésus, faisant le signe de la croix, et par quelque autre oraison à sa sainte Mère, puis, étant levées et habillées, prenant de l'eau bénite, elle se mettront à genoux au pied de leur lit au devant de quelque image, rendront grâces à Dieu des bénéfices, tant généraux que particuliers, qu'elles on reçus de sa divine majesté, réciteront trois fois le Pater noster et trois fois l'Ave Maria en l'honneur de la Sainte Trinité et une fois le Credo et le Salve Regina, et, après, ouïront la sainte messe, si elles ont la commodité, se souviendront de la modestie avec laquelle le Fils de Dieu accomplissait ses actions sur terre, et, en l'honneur de l'imitation d'icelles, feront les leurs avec modestie et tranquillité.
Celles qui sauront lire liront chaque jour posément et attentivement un chapitre du livre de monseigneur l'évêque de Genève intitulé l'Introduction à la vie dévote (9), et feront quelque élévation d'esprit à Dieu, avant la lecture imploreront sa grande miséricorde pour tirer fruit de son amour de ce dévot exercice.
Lorsqu'il faudra qu'elles aillent en compagnie, elles offriront à Jésus Notre Seigneur cette conversation en l'honneur de celle qu'il a daigné avoir sur terre avec les hommes, et le suplieront qu'il les préserve de l'offenser ; s'étudieront spécialement à porter en l'intérieur un grand honneur et révérence à Notre-Seigneur Jésus-Christ et à sa sainte Mère, comme étant un des points principaux que requiert cette confrérie en celles qui y aspirent.
S'exerceront soigneusement à l'humilité, simplicité et charité, déférant chacune à sa compagne et aux autres, et faisant toutes leurs actions pour une intention charitable envers les pauvres et non aucun respect humain.
La journée employée selon l'observation susdite et l'heure du coucher étant venue, elles feront l'examen de conscience et diront trois fois le Pater noster et trois fois l'Ave Maria et une fois le De profundis pour les trépassés le tout néanmoins sans obligation à péché mortel ou véniel.


DOCUMENT 2 : Coste XIII.423
(1) Châtillon-les-Dombes : voir : FONDATION DE LA CONFRERIE DE LA CHARITE A CHATILLON
(2) Les deux premières Gardes-malades de Châtillon sont : Guicheron... et Marie Rey.
(3) Mademoiselle Françoise Baschet est la première Présidente ou Prieure de la Confrérie de Châtillon.
(4) Mademoiselle Charlotte de Brie est choisie comme trésorière.
(5) Le procureur est Jean Beynier, ancien huguenot qui a accueilli Monsieur Vincent à son arrivée dans le village.
(6) La seconde assistante est Gasparde Puget.
(7) Saint André, patron de l'église de Châtillon-les-Dombes.
(8) Saint Martin, patron de l'église de Bunens dont Châtillon est une annexe.
(9) Le livre de François de Sales, évêque de Genève, "L'introduction à la vie dévote" est parue en 1608.
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FONDATION DE LA CONFRERIE DE LA CHARITE A CHATILLON.
APPROBATION DE LA CONFRERIE DE LA CHARITE DE CHATILLON.
ERECTION DE LA CONFRERIE DE LA CHARITE DE CHATILLON.
MODIFICATION DU REGLEMENT DE LA CONFRERIE DE CHATILLON.
PHOTO DU REGLEMENT ORIGINAL ECRIT PAR VINCENT DEPAUL.