Anne d'Autriche

Anne, archiduchesse d'Autriche, Infante d'Espagne (Valadolid 1601 - Paris 1666). Reine de France (1615 - 1666). Femme de Louis XIII. Inhumée en l'église du Val-de-Grâce à Paris. Anne d'Autriche était la fille de Philippe III d'Espagne et de Marguerite d'Autriche. Après la mort de Henri IV, la reine mère Marie de Médicis décida de se rapprocher de l'Espagne en mariant Louis XIII avec l'infante. Le traité de Fontainebleau le 30 avril 1612 organisa cette union qui fut célébrée à Bordeaux le 28 novembre 1615. La reine était pieuse, belle et orgueilleuse. Elle ne put jamais s'entendre avec le roi. Celui-ci d'une nature froide, timide et cérémonieuse, fit peu pour lui plaire, d'autant plus qu'il tenait de son père la haine de l'Espagne et qu'il réprouvait la diplomatie de sa mère. Pour sa part, Anne d'Autriche multiplia les imprudences en voulant se mêler de politique. Sa longue stérilité fut une cause supplémentaire de sa mésentente avec Louis XIII puisque ses deux fils (futur Louis XIV) et Philippe (futur duc d'Orléans) ne naquirent respectivement qu'en 1638 et en 1640. Elle détesta très vite Richelieu et participa au complot de Chalais qui cherchait à assassiner le cardinal. Lors de la "Journée des Dupes" du 10 novembre 1630, elle se rangea aux côtés de Marie de Médicis qui fut alors définitivement écartée du pouvoir. Elle fut ensuite compromise dans l'affaire du Val-de-Grâce en 1637 qui fit scandale à la Cour : Richelieu put établir qu'elle entretenait une correspondance secrète avec son frère Philippe IV d'Espagne, alors en guerre contre la France. Pour toutes ces raisons, le roi, qui se méfiait d'elle, organisa avant de mourir un conseil de régence présidé par la reine, de façon à ce qu'elle ne puisse pas prendre de décisions sans l'accord des autres membres de cette assemblée où siégeait notamment Mazarin, le successeur de Richelieu. Le 18 mai 1643, soit quatre jours après la mort de Louis XIII, Anne d'Autriche, fit casser le testament royal par le Parlement et se fit octroyer les pleins pouvoirs. Dès lors, elle gouverna sous l'influence de Mazarin, son Premier Ministre et son amant, que peut-être elle épousa secrètement par la suite. Elle lui apporte son soutien indéfectible pendant la Fronde, période au cours de laquelle elle montra une certaine habileté politique. Contrainte de se réfugier à Saint-Germain-en-Laye (5 janvier 1649), elle fit assiéger Paris aux mains des Frondeurs et leur imposa la paix de Rueil le 1er avril. Lorsque la révolte des princes qui exigeaient le renvoi de Mazarin prit une ampleur trop importante, la reine mère fit semblant d'abandonner son ministre. Le cardinal s'exila en Rhénanie (février 1651) tout en continuant à conseiller très activement la régente. Celle-ci le rappela après avoir divisé ses ennemis, le renvoya ensuite pour se rapprocher de Retz et le circonvenir en lui faisant miroiter le chapeau de cardinal. Le prince de Condé, chef des frondeurs, ayant multiplié les erreurs politiques jusqu'à la trahison avec l'Espagne, Anne d'Autriche fut assez forte pour rentrer dans Paris le 21 octobre 1652 et faire arrêter Retz, prélude au retour de Mazarin en février de l'année suivante. Anne d'Autriche n'a guère suscité la sympathie de ses contemporains ni celle des historiens (le portrait qu'en a tracé le cardinal de Retz dans ses "Mémoires" est d'une rare méchanceté). Il est vrai qu'elle était dure, sèche, autoritaire et trop intrigante. Cependant, la résistance acharnée qu'elle opposa aux frondeurs pendant six ans a continué à sauver le pouvoir royal menacé. Elle ne joua plus aucun rôle à partir du gouvernement personnel de Louis XIV (1661) et entra dans la retraite de Val-de-Grâce dont elle avait fait construire l'église sur les plans de Mansart. Elle y mourut le 20 janvier 1666.

Anne d'Autriche est l'un des personnages centraux du roman d'Alexandre Dumas, les Trois Mousquetaires.
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