Aperçu sur le contexte politique et religieux de la France à l'époque
de Saint Vincent de Paul (1581-1660)
Le XVIIème siècle s'ouvre, malgré les efforts d'Henri IV et de Sully sur une France affaiblie par les guerres civiles qui se sont succédées depuis la mort d'Henri II en 1559.
Le développement de la réforme protestante a rompu l'unité de la Chrétienté latine, malgré les efforts du concile de Trente (1545-1563) pour la juguler.
Après l'assassinat d'Henri IV en 1610 et la mise à l'écart de Sully, la reine Marie de Médicis va assurer la régence, son fils, Louis XIII n'ayant que neuf ans. Comme au siècle précédent, la haute noblesse essayera d'accaparer les ressources du pays en profitant de l'affaissement de l'Etat.
Il faudra attendre " la journée des dupes " en 1630 pour que Louis XIII affirme définitivement son autorité face à sa mère en permettant à Richelieu de rétablir l'ordre dans le Royaume.
A la mort du cardinal-duc en 1642, suivie de peu de celle du roi, la France va de nouveau connaître une période de régence difficile que la mère de Louis XIV assumera avec l'appui de Mazarin. Ils devront affronter la Fronde menée par le cardinal de Retz, le propre fils de Philippe-Emmanuel de Gondi, dont Vincent Depaul avait été l'aumônier.
La guerre de Trente ans, née en 1618 en Allemagne des rivalités des princes protestants du nord de l'Allemagne rapidement soutenus par la France et de la maison de Habsbourg eut des répercussions en France même. Elle toucha les provinces du royaume limitrophes des possessions impériales (Picardie, Lorraine, Franche-Comté, Roussillon,...)
Le traité de Westpalie, signé en 1648 établit une paix durable en Europe et permit d'assurer la prédominance de la France au détriment des Habsbourg.
Sur le plan religieux, l'église de France se ressaisit, grâce à l'application avec cinquante ans de retard du concile de Trente.
La capitale du royaume va jouer un rôle éminent dans cette véritable réforme catholique par un bouillonnement de spiritualité autour de Madame Acarie et de la marquise de Maignelay, née Marguerite de Gondi. Ce mouvement sera canalisé par quelques grands prélats contemporains de Monsieur Vincent.
Le premier maître spirituel de Vincent Depaul fut le futur cardinal de Bérulle (1575-1629) rencontré dès 1610 à la cour de la reine Margot qui le fit entrer au service du général des Galères, Philippe-Emmanuel de Gondi. Pierre de Bérulle, d'une haute spiritualité va introduire le Carmel en France, puis créer l'Oratoire dont le but sera de rénover le sacerdoce.
" L'état de prêtrise, dit-il requiert de soi-même deux points. Premièrement une grande perfection et même sainteté, secondement il requiert une liaison particulière à Jésus-Christ. ".
A la fin de 1618, Vincent rencontre chez Bérulle, François de Sales (1567-1622) arrivé à l'apogée de sa carrière. Quoique d'origine savoyarde, l'évêque de Genève fut le grand maître de la spiritualité française du XVIIème siècle. Il va marquer profondément Vincent Depaul. " François de Sales va lui faire découvrir le secret de la joie et de la sérénité intérieure, qui procèdent d'une imitation du Christ, en pratiquant la bonté et l'humilité ".
Vincent témoignera plus tard au procès de béatification de François de Sales : " J'ai été souvent honoré de sa familiarité... J'étais porté à voir en lui l'homme qui m'a le mieux reproduit le Fils de Dieu sur terre... sa douceur et sa bonté débordaient sur ceux qui avaient la faveur de ses entretiens, et j'en fus ".
Vincent Depaul deviendra le digne successeur de ces grands prélats par l'influence qu'il prendra au conseil de conscience auprès d'Anne d'Autriche et surtout dans le développement de ses oeuvres de charité qui en fera le grand saint du XVIIème siècle.

Vincent Valléry-Radot 1998

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